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Mon métier de formateur au numérique dans le premier degré (AKA #Ftice1d) m’amène régulièrement à réfléchir sur les différentes façons d’orienter les pratiques pédagogiques des enseignants afin d’optimiser l’utilisation d’outils numériques dans leurs enseignements et surtout que leurs élèves se les approprient afin d’optimiser les modalités d’apprentissage.

Dans cette optique, j’avais été très séduit par la proposition de Ruben Puentedura et de son modèle SAMR, qui m’avait d’ailleurs amené à en proposer une présentation visuelle que j’utilise encore régulièrement dans mes animations pédagogiques :

Puis j’ai découvert il y a quelques semaines un autre modèle qui tend vers des objectifs similaires, à savoir l’intégration des technologies numériques dans l’éducation, proposé par Thierry Karsenti et qui porte le doux nom d’ASPID. En voici une représentation :

aspid-TCe billet a pour vocation d’en faire un comparatif, dans le but d’alimenter une réflexion sur mes pratiques professionnelles ainsi que celles de mes collègues et de créer les conditions d’un débat.

Les objectifs

Parler d’objectifs similaires est en fait un peu délicat, car si le but est bien l’utilisation pédagogique du numérique, les intentions sont toutefois fondamentalement différentes.

Si Puentedura s’inspire sur le fond de la taxonomie de Bloom dans l’idée d’amener l’élève à des situations dans lesquelles ses acquisitions et ses productions seront au centre de ses apprentissages, le travail de Karsenti est plutôt orienté vers l’assimilation des outils par l’enseignant pour dynamiser sa pédagogie. On retrouve cependant dans les deux cas des phases initiales (substitution) et finales (redéfinition chez l’un, innovation chez l’autre) dont les caractéristiques sont similaires.

Alors, l’un des modèle est-il plus avantageux que l’autre ?

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Depuis cette année, le numérique est officiellement au cœur des préoccupations de l’éducation nationale en France, à grand renfort de communication ministérielle et d’avis divergents sur la forme que cette évolution doit prendre.

337px-IPad_2_in_dockL’intention de faire coïncider les pratiques de l’école avec les réalités de son temps, notamment en matière d’évolution technologique, n’est pas neuve ni récente. Du plan informatique pour tous en 1985 au rapports Fourgous 2010 et 2012, les autorités éducatives on souvent tenté d’apporter des réponses scolaires à l’apparition de nouveaux outils. Notons au passage qu’il s’est toujours beaucoup plus agit de rattraper le retard de l’école sur la société, plutôt que d’anticiper ses développements et surtout, c’est l’objet de cette contribution, d’apporter des réponses matérielles plutôt que pédagogiques ou éducatives.

Des plans et des outils

Il y a quelques années encore, l’informatique des écoles ressemblait à une salle dédiée avec une dizaines de postes reliés en réseau local, ou à quelques ordinateurs en fond de classe (il paraît qu’aujourd’hui on doit dire en cœur de classe, toujours la primauté de la forme sur le fond). Depuis, les évolutions technologiques se sont succédées à mesure que le marché de l’éducation devenait lucratif pour les constructeurs de matériel : classes mobiles, tableaux numériques interactifs, espaces numériques de travail et aujourd’hui tablettes, chacun étant à son tour paré des vertus de la panacée universelle qui allait, cette fois c’était la bonne, faire entrer l’école dans son siècle et transformer chaque chère tête blonde, black ou beur en geek hyper-compétent.

Sauf que…

L’esprit et le temps du pédagogue ne sont pas ceux du décideur

Le cruel fossé qui sépare les utilisateurs des technologies des décideurs qui impulsent les politiques ou acquièrent le matériel montre une nouvelle fois sa prégnance.

Flashback n°1 : Ludovia, août 2012 (pour les non initiés, il s’agit de l’université d’été du numérique éducatif) j’entends au cours d’une table ronde Serge Tisseron (dont je n’oserai par ailleurs ni critiquer ni évaluer le travail) évoquer l’utilité de la tablette en classe par le plaisir du toucher que l’élève a à manipuler l’objet et qui lui remémore inévitablement la construction du schéma corporel du petit enfant.

Flashback n°2 : Salon Educatice, novembre 2012, un représentant d’un fabriquant de TNI avec qui je travaille depuis plusieurs années me montre leur nouveauté de l’année : l’application pour tablette qui permet de piloter le tableau du fond de la classe. Quand je le questionne sur l’utilité du dispositif (le tableau interactif a un usage collectif et frontal, c’est une de ses limites), il me répond :

Aujourd’hui si tu n’es pas présent sur le marché des tablettes, tu ne vends plus rien.

Deux exemples flagrants qui corroborent le fait que l’engouement pour les nouvelles technologies ne tient absolument pas compte des réalités pédagogiques. Avec quelle gourmandise entendait-on le mot Ipâââd dans la bouche de personnes sensées éclairer ou orienter les pratiques des enseignants, notamment à la DGSECO !

À quel moment s’est-on questionné sur les pratiques à associer à ces matériels, sur les usages à développer pour en tirer la quintessence, sur la nécessaire formation des enseignants à faire évoluer leur pédagogie pour profiter des nouvelles opportunités générées ? Quand a-t-on évalué la pertinence et l’efficience des investissements réalisés ? La dotation massive des écoles britanniques en TNI n’a jamais été traduite par une réduction de l’échec scolaire, par exemple, même si elle a fait évoluer, souvent par autoformation, les pratiques de classe des enseignants.

Et le numérique alors ?

Cette fascination pour l’objet technologique qui brille est en train de nous faire rater le virage numérique, amorcé depuis quelques années déjà et que certains comparent à une nouvelle révolution industrielle, c’est-à-dire une évolution majeure qui transforme à jamais le visage de nos sociétés. Nous sommes loin du gadget ou de l’objet, c’est notre monde dans son essence qui est modifié par le numérique et qu’on le souhaite ou non, il y aura un avant et un après et, contrairement à un roman de Murakami, il ne s’agit pas d’un monde parallèle au nôtre qu’on peut choisir de parcourir ou non.

À force de se focaliser sur de fausses problématiques, le monde de l’éducation manque complètement l’occasion de se projeter dans le contemporain, d’en envisager les problématiques d’éducation (en attendant une souhaitable disparition, le domaine 2 du B2i n’a jamais été autant d’actualité), de profiter de nouvelles possibilités de ressources en particulier collaboratives (quid des MOOC ?) voir de sortir d’un modèle propriétaire et fermé sooooo XXème siècle pour utiliser l’immatérialité avec efficacité.

Nous reproduisons en fait l’attitude des éditeurs de manuels scolaires qui, à force de faire du lobbying pour protéger un modèle économique caduc, ont complètement échoué dans le passage au numérique. Reste à espérer que la prise de conscience viendra avant la prochaine révolution, sinon nous en serons quittes pour attendre le plan numérique pour tous 2016.

N.B. Le titre fait évidemment référence au film « L’arbre, le maire et la médiathèque« 

Et pour plaisanter sur le sujet, ma parodie du film « La chute » :

La nouvelle est tombée ce matin : les médecins généralistes ont accepté le principe de primes à la performance. Une trentaine d’objectifs fixés aux praticiens leur permettra de cumuler des points afin de pouvoir obtenir une prime en fin d’année pouvant aller jusqu’à 9000 euros.

C’est la crise

Cabinet ou boutique de soins ?

La première réaction que m’a inspiré cette nouvelle, c’est celle d’une injustice.

Autant je suis le premier à reconnaître que le travail d’un médecin mérite d’être largement rémunéré, eut égard à l’investissement en termes d’études (une bonne dizaine d’années), aux horaires de dingues que font certains et au service rendu à la société dont la santé devrait être une priorité pour tout état qui se respecte ; autant donc, je ne vois aucun inconvénient à ce que les médecins soient bien payés, autant sont-ils actuellement parmi les victimes les plus durement touchés par la crise ? À l’instar des Recteurs d’Académie il ne semble pas que leur situation financière montre un besoin urgent d’assistance et de secours.

Pas étonnant cependant qu’on cherche à récompenser certains comportements médicaux de cette façon, parce que les libéraux au pouvoir dans l’ensemble du monde aujourd’hui (pas seulement français, européen ou occidental, souvenez-vous, ça s’appelle mondialisation) ne savent rien faire d’autre.

Pensée unique

Le monde économique actuel (donc le monde) fonctionne avec deux préoccupations majeures, non, pardon, uniques : la rentabilité ou l’économie. Rentabilité pour tout ce qui produit de l’argent, économie pour tout ce qui n’en produit pas encore, à cause de ce satané Conseil national de la résistance, de l’AGCS jamais imposé en force et de toutes ces politiques sociales menées – notamment en Europe – par ces gauchistes soixante-huitards qui heureusement aujourd’hui ont bien vieilli et adorent enfin le seul vrai Dieu : le marché (pas vrai, Dany ?).

Un petit mot sur le marché : Souvent personnifié par les médias (un petit cours de novlangue s’impose), il rassemble l’ensemble des spéculateurs qui gagne leur argent en jouant avec de l’argent qui n’est pas le leur (et qui souvent est le vôtre : comptes d’épargne, assurance vie, épargne retraite, etc.). Mais ne nous éternisons pas, d’autres en parlent mieux que moi.

La pensée de ces gens-là est très simple : toute action devant donc être rentable (ou générer des économies pour l’état), il ne suffit pas qu’elle soit efficace, il faut qu’elle soit efficiente. La différence est très simple, il faut que les pratiques mises en place en fonction des besoins de l’entreprise ou de la société atteignent leur but, mais de plus qu’elle le fassent en utilisant le moins de moyens possible. En gros, fabriquez des Mercedes pour qu’on puisse les vendre, mais au coût d’une Dacia. Pour ce faire, nos sublimes penseurs néo-libéraux ont trouvé l’arme absolue : le logiciel unique. (suite…)

Laïcité antique

Publié: 17 mars 2011 par astringues dans Education, Littérature
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Toujours sur le thème de la laïcité, à Neuvy-en-Sullias, petite bourgade de 1 200 habitants du Loiret, le maire vient de décider de rebaptiser l’école de la commune. Le choix du nom d’une école est souvent l’occasion de faire référence à un grand homme du passé (rarement une grande femme, ou alors elle est morte violemment) : on trouve ainsi pêle-mêle les hommes qui ont fait l’école (Jules Ferry, Condorcet sauf Charlemagne qui existe pourtant au Sénégal), les grands penseurs des lumières (Montesquieu, Voltaire, Diderot et consorts) avec une mention spéciale pour les mairies communistes qui avaient un faible pour Picasso ou Allende. (suite…)

Chroniques du machisme ordinaire

Publié: 14 janvier 2011 par astringues dans Education, Féminisme
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On fait parfois des rencontres impromptues qui nous soufflent un peu.

Soit une école élémentaire que je connais bien. On y trouve 5 classes du CP au CM2, dans une banlieue tranquille peuplée majoritairement de classes moyennes, et des enseignants pour la plupart encore assez jeunes, qui aiment leur boulot et on à cœur de bien le faire. Dans l’équipe enseignante de cette charmante école donc, on trouve quatre femmes pour un homme, ce qui correspond à la proportion moyenne nationale dans le 1er degré.

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